Boite ID# :
Projet : Nos Futurs
Œuvre : 4 minutes 36 secondes avant la fin du monde
Création : Thomas KLEINDIENST
4 minutes 36 secondes avant la fin du monde
La science ouverte comme émancipation possible du système actuel. L’œuvre permet d’entendre l’ignorant qui vit ses derniers instants sans le savoir. Le scientifique ne peut plus rester sans questionner le monde qui l’entoure, il ne peut plus ne pas partager ce qu’il découvre, sous menace de subir le chaos.
« Si t’es pas SO, t’es out »
Toutes les communications avec notre planète étant interrompues, la station orbitale Interruptus prend la décision de diffuser à travers la galaxie cette ultime archive sonore en provenance de la terre.
Nous pouvons y découvrir la fin de vie de Jean-Michel, 53 ans, électricien de profession et lanterne rouge de l’humanité.
Cet homme sans ambition particulière, préférant la compagnie de son écran plat 19 pouces à celle d’une éventuelle femme bien disposée à l’accompagner, a su rester simple face à la catastrophe annoncée.
Durant ces 4 minutes 36 secondes, vous pourrez disséquer avec bonheur toute la complexité de la vie de Jean-Michel.
Ses choix, son environnement et la navrante organisation de sa vie le poussent à abandonner à 1 minute 26 secondes son cassoulet en boîte réchauffé aux micro-ondes, pour aller se servir en toute hâte une Suze dans la moiteur de cette tragique après-midi.
Vous pourrez aussi constater, si vous tendez correctement l’oreille, la volonté d’affronter le cataclysme approchant avec beaucoup de punch et de dignité : en effet, à 2 minutes 38 secondes, Jean-Michel prend, subitement et contre toute attente, la décision d’aller se raser dans sa nouvelle cabine de douche (cabine qui, au passage, a été fraîchement installée par ses soins deux jours avant les événements) tel un soldat oublié dans une tranchée ennemie par son régiment parti en permission.
Affronter la mort, oui, mais rasé de près !
C’est à ce moment précis que Jean-Michel prend réellement conscience que sa lotion après rasage Fraise Tagada Séduction ne masquera pas l’odeur de sapin qui règne alors dans son trois pièces de banlieue pavillonnaire.
Ce vibrant témoignage muet, sans aucune concession, nous rappelle qu’après 2,8 millions d’années, l’espèce humaine a su s’éteindre avec la modestie et le panache qui caractérisaient si bien les hommes.
Fin de communication…